SANS PRÉTENTION, ni IMPORTANCE

Comme j’ai bien changé…

Je ne suis plus moi, si un jour, je l’ai été,

On me fait dire des choses, je ne sais pourquoi ?

D’ailleurs, je ne vous connais pas, en réalité,

Puis ici cette maison n’est pas mon chez-moi…

Ce cadre photo sur le marbre de la cheminée,

Avec cette femme, que l’on dit être ma mère,

Ne me dis absolument rien qui puisse me rappeler,

Qu’un jour lointain la vie, elle m’a offert…

Ce que vous appelez chez vous la mémoire,

Vous permettant d’évoquer votre passé,

Chez moi, cela n’est pas, juste un trou noir,

Mes hiers sans lendemain, n’ont jamais existé.

 Je ne vous connais pas, j’en suis certain,

Ou alors là-bas, au loin dans une autre vie,

Une vie que vous m’avez volée… Sans destin

Sans goût, sans arôme, sans piment et sans envie…

Quand je sors, je ne reviens plus, je suis perdu,

Je ne reconnais plus personne, et ce, sans regret

J’ai oublié de penser, je me sens vide et vaincu,

Je suis triste, dans le vague, et sans aucun intérêt

Il m’arrive aussi d’être méchant et sans amour,

La violence est parfois maitresse de mes actes,

Mais je le sais, vous me le dites sans détour,

Sourire ne représente qu’un entracte…

Il parait que j’ai fait beaucoup de choses,

Que j’ai travaillé énormément, sans repos,

J’aimais défendre les bonnes causes,

Avec souvent les nerfs à fleur de peau…

La femme fut ma vie, un amour, une passion,

La mienne surtout si je m’en souviens bien,

Vous regrettiez cette folle obsession,

Mais pour moi cela n’est plus rien, plus rien…

J’ai été papa ! Je le suis encore, et grand-père !

D’une petite fille m’a-t-on dit, si belle et si jolie,

Elle se joue de moi, me fait rire et me fait taire,

Elle s’amuse de mes tracas et de ma douce folie.

J’avance à reculons, parlant pour ne rien dire,

Évoquant sans raison des faits d’ailleurs,

Étant le seul apparemment à m’en souvenir,

Comme si soudain, je m’appelais Alzheimer…

Le 23 septembre 2015, journée mondiale de la maladie d’Alzheimer… Ma façon à moi de penser à eux…