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Cimetière du nord, et feuilles mortes
Cimetière du nord, et feuilles mortes.
Hier autour de toi au cimetière,
Le ciel s’est fendu d’une lumière,
Providence d’un divin soleil,
Venu là, par la grâce du ciel
Éclairer et réchauffer nos cœurs
En cet octobre de douleur.
Durant cet instant de divinité
Nous avons cru voir se dessiner.
Ton tendre et doux sourire,
Dans ce ciel qui se déchire.
Puis vint le moment d’inhumer
Difficile, de devoir se séparer.
Même si, c’est sur un lit de roses,
Que désormais, tu reposes.
Toi qui aimais tant la danse et le bal
Nous n’avons rien trouvé de plus normal.
De danser sur l’air « des feuilles mortes »,
Avant que ne se referme la porte.
C’est une chanson, que chantait Montand
Quand vous n’étiez encore, que des amants,
Toi et ton futur mari, aux amours furtifs
Tout en discrétion, mais tant significatif.
Toujours dans ce même cimetière,
En ce lendemain d’hier,
Par un ciel si gris aujourd’hui,
Se pleure des milliers de larmes de pluie…
Au loin, la foire Saint-Romain,
Illumine la grisaille et bat son plein…
Ses lumières se reflètent dans la Seine,
Qui se pavane dans Rouen comme une reine.
C’est sur les pentes, de ce cimetière du nord
Que se scelle à tout jamais, cet éternel décor.
Roulent dans les allées, balayées par le vent
Pommes de pin et feuilles mortes sans fin.
C’est ton jardin aux voisins sans histoire.
Tu y seras heureuse, il nous le faut le croire.
Ton mari t’y attend depuis cinquante ans.
À vous de rattraper tout ce long temps…
Check-up du septuagénaire. 2.
Check-up du septuagénaire. 2.
Il la croyait de marbre, impénétrable, insensible, imperturbable dans sa chair et son âme, tant et tant elle s’accomplissait dans la vie, affrontant maintes difficultés, et ce, à tout âge sans jamais se plaindre plus qu’il ne faut, il la voyait sans la regarder, ou la regardait sans la voir, la vie s’écoulait ainsi au gré des habitudes par vents et marées. Elle attendait, ou peut-être plus, au moins un minimum d’attention de tendresse venu du cœur, et non un geste éphémère sorti tout droit de la routine pour mieux y retourner ensuite.
A partir du moment où la vie de couple s’ébranle sur les rails du train-train monotone, morne sans paysage ni relief, emmené par un conducteur assis au bord de l’indifférence, satisfait de sa soupe, sa télé, son foot, sa musique, et que sais-je encore, le voyage perd de son intérêt, mieux vaut alors pour lui de retourner prendre des cours de conduite, de bonne conduite, mais pour cela il doit se rendre compte, qu’il sache reconnaître, être sur une voie de garage, ne pouvant le mener à rien, si ce n’est vers une remise en cause de soi, avant que sa passagère ne se lasse de son égoïsme.
Nous avons tous le droit à l’erreur, le droit de se tromper, mais nous avons également tous le droit de se regarder en face, et se dire ce qui ne va pas, sans s’obstiner. L’auto-analyse ne fera jamais de mal à qui veut bien s’en donner la peine, être franc avec soi-même pour l’être avec l’autre.
Il croit l’aimer, mais elle ne le ressent pas, c’est qu’il le fait très mal, alors qu’elle n’attend que lui pour sourire, et rire. Il n’est jamais trop tard pour regarder dans les rétroviseurs, surtout qu’elle est peu exigeante, mais il ne faut pas galvauder les « je t’aime », plus-tôt lui susurrer avec la douceur d’une caresse.
Pourquoi un jour ? A-t-il vu enfin dans ses yeux, un signe de détresse, de lassitude, et d’ennui ? Alors ! S’il n’est pas là, s’il ne se réveille pas à temps, sur qui, sur quoi pourrait-elle s’appuyer afin de poursuivre son chemin ? Ils ont encore besoin l’un de l’autre, et surtout regardé le même horizon. Peut-être un réflexe salvateur, venu secouer sa torpeur malveillante ? En regardant ce qui se passe autour de lui, puis de constater des couples du même âge qui se déchirent, pour se retrouvés, chacun dans une solitude à la nostalgie dominante, il y a également des couples unis pour la forme sans projet commun, aux conversations à sens unique, puis aussi le plus terrible, des couples qui voudraient s'aimer encore, mais déchiré par la perte de l'être aimé, mettant un terme à leur union sacrée, cet ensemble d’observations lui auront permis d’ouvrir les yeux, pour exploiter au mieux cette chance d'être deux.
Son besoin, de se ressaisir est désormais existentiel et heureusement bien présent en lui, puis il doit cesser de s’apitoyer sur son sort et ses maux, elle en a également, dissimulés dans son silence.
C’est en revenant vers elle, le cœur chargé des sentiments qui ont fait leur bonheur, qu’il pourra enfin revoir la femme de ses vingt ans, quand le soleil brillait à tout moment, aux lunes de miel tapissées d’étoiles, aux senteurs de roses, aux billets doux, aux petits bistrots en tête-à-tête, aux sables chauds sur les bords de la grande bleue, aux neiges éternelles sur le sommet de leur passion.
Il pourra alors savourer ce si grand bonheur, qu’est le vieillir ensemble, véritable trésor de la vie, privilège inestimable, une chance à ne pas gâcher. Ne pas vivre l’un à côté de l’autre, mais vivre ensemble l’un pour l’autre, en toute harmonie dans la vie et l’amour.
Check-up du septuagénaire
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines ?
Que batte mon cœur ?
Assez d’oxygène ?
Pour respirer le bonheur…
Quant à tes côtés,
Passe trop vite le temps.
Meurent les regrets.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines.
Quand chaque lever de soleil
Comme un don de Dieu,
M’offre l’essentiel
Pour vivre encore un peu
Et faire, de chaque heure !
Qui dans l’ombre ou la lumière
Ne sois que du bonheur
Comme si c’était la dernière.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines.
Pour avoir le temps
De te murmurer, je t’aime
Sur la route des ans,
Entre refrains et rengaines
Reflet de la vie
Piment de l’amour
Puis que, jamais l’on oublie,
Ensemble pour toujours.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines.
Nos regards ne sont plus les mêmes.
Ceux des autres également
On peut y voir de la peine.
Des souvenirs flous et troublants
Des peurs et des angoisses
Au fil des jours fuyants,
Quand la vie, peu à peu, se déplace,
Poussière emportée par le vent.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines.
Aurai-je assez d’oxygène ?
Pour vivre encore…
De sang dans les veines ?
Pour honorer ton corps.
Quand l’amour !
Ce fil tendu dans les airs…
Ploie de jour en jour.
Jusqu’à toucher terre.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines
Sur des points d’interrogation,
En attente de réponse
Sous un ciel rouge passion…
Que le silence dénonce.
Entre souvenirs et soupirs
S’entretient une lueur,
Sur de biens faibles sourires
Pas dupent de ce leurre…
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines
Dans mes entraves brûlantes
Siffle l’air.
Attisant les flammes ardentes
Devenues un enfer.
Il faut accepter l'augure
D’une fin qui s’approche,
Puis faire bonne figure
Alors que tout nous raccroche.
Aurai-je assez de sang ?
Dans les veines…
Assez d’oxygène ?
Passe le temps.
Complainte d'automne.
Complainte d’automne (illustrée par quelques unes de mes aquarelles)
Non, je ne t’ai pas oublié,
Toi mon bel automne,
Même si cette année,
Je suis monotone…
Tu le sais bien, je t’aime,
Toi et toutes les rimes
Qui t’accompagnent,
Par monts et par vaux,
Résonne, étonne, personne,
Pomme, stonne, frissonne,
Sonne, abandonne, tonne,
Couronne, et toutes les autres !
Impossible à nommer comme ça…
Parfois, on aurait tendance
À te féminiser singulièrement,
Mais ce n’est pas bien méchant,
Juste une facilité pour rimaillons.
Je t’aime aussi pour tes couleurs.
Chaudes de par leur aspect,
Pourtant dans une froidure déjà là,
Mais elles réchauffent les cœurs
Dans cet été des indiens,
Emprunté à nos amis canadiens,
Alors que chez nous,
Tu es l’été de la saint Martin,
Dès lors, d’un léger redoux.
Je t’aime aussi pour ta vocation
De préserver la faune et la flore
En les préparant avec passion
Aux rudesses de l’hiver à venir…
Mais pour nous femmes et hommes
Qu’en est-il de notre automne ?
Cette tranche de vie grisonnante,
Aux idées parois délirantes.
Quand je suis las, d’être là,
Assis sur un petit banc de bois,
À regarder, je ne sais qui, je ne sais quoi.
Ne fixant nul horizon
Dans une attente sans nom.
Quand s'éloignent toutes ambitions
Et titillées par une certaine rébellion
Envers tous les dirigeants de ce monde
Détruisant une planète pourtant féconde..
Non ce n’est pas un abandon de soi.
Ni une question de peur et d’émoi
À chacun son temps, son époque
Aux souvenirs que l’on évoque.
Il faut bien admettre d’avoir été.
Puis un jour ne pas se réveiller.
Qu’on le veuille ou pas
Tu es l’antichambre de la mort.
Mais tant que je suis là,
Je t’aimerai encore…
Chaudes nuits d'été.
Solitude !
Elle sur les bords de la méditerranée,
Lui encore à Paris, par ce bel été…
Et tous les soirs ce même rituel,
Quand allongée sur son lit d’hôtel,
Elle lui confie toute son impatience
De sentir par lui, vibrer tous ses sens…
À peine raccroché son téléphone
Que déjà tout son corps frissonne…
Emportée par une envie frénétique
Pour des plaisirs solitaires érotiques…
Alors dans la pénombre de sa chambre
Elle glisse ses mains sur son ventre
Arrachant sa petite culotte de dentelle,
Comme un acte solennel, pour elle
Donnant le feu vert à tous ses désirs,
Dans ces instants de délicieux délires.
De ses petits doigts agiles et perfides,
Elle prépare sa grotte humide
À des finesses de son imagination…
Sa rose langue fureteuse,
Dessine sur ses lèvres pulpeuses
Des cercles réguliers et sensuels
Arrive alors cette agitation sensorielle
Quand tombe enfin la nuit noire,
À ce moment, elle sort ses accessoires…
Ses ébats durent plusieurs orgasmes
Tant son imagination et ses fantasmes,
Ne lui ferment la porte de la jouissance…
Enfin épuisée et vaincue par l’impuissance,
Elle s’endort délivrant ces quelques paroles.
Ses deux mains pressant sa corolle
« Merci mon amour, à demain, je t’attends!
Viens consommer mon corps vibrant ».
Chaudes nuits d'été
Chaudes nuits d’été
Rencontre.
Peau à peau,
Par une chaude nuit d’été,
Une chambre d’hôtel étoilé,
Deux êtres en mal d’amour,
Se donnent sans détour.
Peau à peau,
Aux moiteurs sucrées salées,
Quant à l’esprit sublimé
S’offre aux lèvres avides
Une friande émergence sapide.
Peau à peau,
De longs baisers à sa toison d’or
Secoue de spasmes tout son corps
Qu’elle abandonne aux désirs,
De cet amant rugissant de plaisir.
Peau à peau,
Elle embrasse et s’applique.
Sur ce membre érigé en obélisque,
Ils sont sur le point de mourir.
De mille sanglots et soupirs.
Peau à peau,
À cœurs fermés, ils se sont offerts.
Aucun aveu, pas même à mots couverts,
Juste une aventure purement charnelle
Pouvant peut-être paraître irrationnelle…
Cent ans !
Cent ans !
Je déteste les cimetières.
Trop de morts trop de misère,
Pour si peu de prières.
Recensement de guerres,
Et de bien d’autres mystères.
Puis ces grands arbres ondulants,
Au rythme du vent,
Dans un ciel sombre malveillant,
Aux corbeaux noirs tournoyants,
réveillent en nous souvenirs coagulants.
En novembre, s’allongent les nuits,
S’enfonce l’ennui…
Un sombre de plus en plus gris,
Dans les mémoires qui jamais n’oublient,
Chaque héros bien malgré lui…
Fleurissent les monuments aux morts,
Qui dans chaque village résonne encore,
Au son de la sonnerie aux morts,
Quand quelques politiques les honorent,
Sans le moindre remords.
Aujourd’hui encore marseillaise et artifice
À la grâce de leur valeureux sacrifice,
D’hier, pour la signature de l’armistice.
Sans ces anciens que serions-nous, si jadis,
Ils avaient refusé, guerre et supplice…
Je n’aime pas les cimetières,
Encore moins les guerres.
J’aime la France de mon grand-père,
Et de son drapeau, j’en suis fier,
Ainsi que tous ceux qui les considèrent.
C
Ce n'est pas une déclaration...
Comme si tu pouvais partir....
Comme un manque de savoir vivre
C'est pourquoi je t'aime, et bien plus encore...