Lui !!! François de Moncorbier ...
2015.01
LUI !!! François de MONTCORBIER…
"Je n'ai jamais vu visage,
Porter si doux regard"
Qui a écrit cela ? Oui qui ?
Moi, je ne le sais pas,
Non ! Non ! Je ne le sais pas...
Vous le savez bien, je ne lis pas...
Je ne lis pas !!! Mais j'écris...
Peut-être moi alors !!! Pourquoi pas ?
Qui un jour, ai écrit cela!!
Dans une autre vie, de l'au-delà...
Car comme vous, j'ai vécu une autre vie...
Oui au temps des rois... Une autre vie !
Non ! Mais non ! Pas des rois mages,
Les autres beaucoup moins sages,
Vivant chichement sur leurs nuages,
Aux cours joliment garnies,
Où rien n'est de trop, comme à Byzance,
Tout dans l'orgie, de l'abondance,
Sans pour cela assouvir leur appétence,
Juste de quoi s’ouvrir l'appétit...
(Avant de continuer, plus loin ce récit,
Il est désolant de constater aujourd'hui,
Sans débat faisant, mais dans le raccourci,
De nous voir vivre la même triste agonie...)
"Sur le corps d'ébène,
De cette femme aux chaînes,
Comme des reflets d'amour
Dessinent, ses contours..."
Quelques-uns de ces vers, effectivement sont miens,
Oui je m'en souviens désormais, certain !!!
J'écrivais pour gagner le sel de mon pain,
C'était, je crois ? À la pomme de pin!!!
Endroits de Paris, où se montrer, faisait bien
Où bien non !!! À la taverne du grand godet,
Place de grève, le soir à la nuit tombée...
Mais à eux, par pudeur, je ne pouvais me mêler
Si ce n’est pour dire, j'y étais ! Mais pour rien !
Lui François, et eux festoyaient, riaient, chantaient,
C'était sa bande de vilains, les "coquillards",
Avec les pèlerins de saint Jacques, rien à voir,
Leur avenir de brigands se scellait tous les soirs.
Lui, par on ne sait par quel hasard, s’en sortait
Quand d’autres consorts, « pipeurs de dés »,
« Voleurs de poulailles », écumant la contrée,
S’offraient des rendez-vous avec la mort assurée,
L’échafaud, au bout du nez, leur pendait…
« Gent dame, votre nudité
N'aie de beauté, et d'attrait
Seulement, quand draper
dans la pureté de l'abstrait... »
Bien m’en a pris de ne point m’accoquiner ;
Quand bien même à la nuit tombante
Dames dites marchandes, devenaient aimantes
Délaissant bourgeoisie… Grimées en galantes,
Se laissant courtiser, jusqu’à forniquer…
D’autres, pas jouvencelles, peut-être catins ?
À ouï-dire, des langues bien pendues, du matin,
Etaient sous sa « protection », à lui le coquin…
Et de « vit en vit », lui rapportait les écus gagnés…
Bien souvent, je me mettais là, à cet endroit,
Auprès de la cheminée, où se trouvaient chaudrons,
Dans lesquels écumaient pot au feu et soupe aux potirons,
Ainsi, j’écrivais dans ce décor, vers à ma façon,
Par moment interrompu par un ou deux rats,
S’en allant quérir sous tables, quelques victuailles,
Dans les restes, de toutes ces opulentes ripailles,
Cependant, lui et les autres de plus en plus s’encanaillent…
Avec des mains sans retenues, participant au débat…
« Une étole de fourrure, comme seul habit,
Fait de vous, dans mes rêves de minuit,
La déesse, perturbant l’ennui de ma solitude,
Accompagnée en cela, de toute votre féminitude… »
D’où je suis ! Des mains, j’en vois gantées et baguées,
S’aventurer et fourailler sans pudeur, dans braguettes,
Des plus velues, sous les jupons taquiner la rosette…
Je ne m’attarde pas plus, les laissant à leur branlette.
Reprenant mes écritures à mots cadencés,
Comme d’habitude, je partirai les laissant là par dépit,
Plutôt que toquer à la porte de quelques érudits,
Pouvant donner vie, auprès d’éditeurs ; à ces récits...
Je ne cherchais ni honneur ou gloire, simplement relater…
Mais pour signer !!! Certainement faut-il un nom ?
Un milieu de nuit, je suis parti du grand Godet,
Laissant sur la table, comme à l’accoutumée mes feuillets,
Entre gamelle, chope, et reste de cassoulet…
Dont celui-ci :
« Je suis pécheur, je le sais bien ;
Pourtant ne veut pas dieu ma mort,
Mais convertisse et vive en bien,
Et tout autre que pécher mord,
Dieu vit, et sa miséricorde,
Sa conscience, me remord,
Par sa grâce pardon m’accorde. »*(1)
Puis plusieurs semaines après, dans la saison,
Dans une échoppe du quartier, mon regard fut attiré,
Par un bouquin « le testament », magnifiquement relié,
Titre éloquent, et « lui » plusieurs fois cité, l’avait signé…
Tout le monde ne peut s’appeler VILLON…
Même, encore maintenant,
Dans les rues de Paris, je me perds…
Errant comme un manant,
Écoutant complaintes de trouvères,
Sur tout désamour pleurant
Et moi sur tout mon temps offert…
Joël DELAUNAY, le 26 janvier 2015
*(1) passage tiré du livre le testament de F.VILLON.
Inscrivez-vous au site
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 71 autres membres